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Enseigner, Lectures

Ouf !

Me voilà soulagé… J’aime vraiment beaucoup le travail de Michel Serres -et le bonhomme- mais la posture qu’il avait prise dans Petite Poucette me gênait terriblement. Je résume en forçant le trait, mais bon : « Le savoir est là, partout distribué, tout le monde y a accès et ça change le rapport au monde et au savoir ». J’ai lu et relu ce texte, on en était globalement à « c’est fait, puisque le savoir est distribué, qu’il n’est plus concentré », ni en termes de lieu, ni de classe sociale…
Et j’étais en rogne parce que je me disais :  » C’est bien beau, mais dans cette affaire, sur qui vont s’appuyer les plus fragiles pour avoir accès à ce savoir élaboré si loin de leurs pratiques culturelles, de leurs savoirs, de leur langue ? Le savoir exposé, qui va le médiatiser, qui va en donner l’appétence ? Où est le pédagogue, là-dedans, où est l’enseignant ? Si on garde cette image du « tout est là … et ça suffit », on va encore passer à côté, l’école ne pourra pas aider et raccrocher au train du savoir en marche des élèves qui l’auraient raté seuls »….
Alors grâce soit rendue au Un, objet journalistique atypique… Dans sa livraison du 10 septembre 2014, il se consacre à l’éducation (c’est toujours une série de regards croisés sur un thème unique, dans un « journal » piloté par Eric Fottorino ) et donne la parole entre autres à Michel Serres… Et le titre est : « Le professeur doit transformer les informations en connaissances » ! Nous y voilà !
Voilà pour moi réintroduit le chaînon manquant ! Il va bien falloir -et c’est une des dimensions clé de l’école- que nous assumions ce rôle de passeur, de lien… Je reviens une fois encore à mon cher maître Alain Marchive qui nous propose en « transducteurs »…. Transmettre, parce qu’il faut, forcément, (lire à ce sujet l’article de MIchel Onfray dans ce même 1), même si c’est compliqué (voir Gauchet, Ottavi et Blais : Transmettre, Apprendre), mais aussi traduire, faire des ponts entre les cultures, aider à acculturer, construire le lexique, l’horizon d’attente, de référence.
Je ne crois pas que le savoir deviendra connaissance pour le plus grand nombre sans l’action forte de l’école… Quelles que soient la source et la diffusion des savoirs. On ne se passera pas de passeurs, de maîtres, de gens capables de faire percevoir des liens, de pédagogues en quelque sorte…
Cher Monsieur Marchive (Alain Marchive, un de mes maîtres en master CPFE à Bordeaux), j’entrevois, ce matin, un troisième sens à votre « transducteur » : celui qui va guider au travers de l’effervescence et l’abondance des savoirs construits ou en construction… ça vous va ?

À propos de jllamaurelle

Enseignant, formateur, passionné et gourmand de la vie

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